"Dublin Dublin, nurse of such bitter dreams...", James Joyce, Paddy Mac Aloon et quelques autres auront donc tressé en quelques milliers de lignes le berceau dans lesquels grandissent les générations de dubliners.Temple Bar traverse les siècles, chez Bewley's le thé défie tranquillement les orgueils marketing entre deux parts de carrot cake séculaire et, dans l'arrière boutique de Harvey's Cleaner, se confondent des générations de costumes et robes dont le tissu est imprégné de parfums éternels à nuls autres pareils.Imelda May est venu y récupérer ceux de sa granny, jeune fille de swingin' fifties qui, en faisant miroiter dans la Liffey les extravagances à pois et les rires vermillons, tentaient de passer en technicolor le décor gris nacre et ses meurtrissures charbonneuses. Spirit of Ireland donc, un look au cordeau certes mais, plus que tout une voix. Qui chante avec brio le rockabilly, le jazz et la country d'une terre alors promise, qui bluese avec amour et un rien de distance respectueuse et amusée. Imelda May n'a pas le regard planté dans le rétroviseur mais s'amuse de nos persistances rétiniennes pour redessiner le monde, transformant la nostalgie en carburant d'un moteur à explosion.