Au mitant des années 80, à l'heure où les jeunesses dorées - forcément dorées, se voyaient vantées par les industries de l'entertainment alors en passe de vampiriser tous les underground, Justin K. Broadrick, 13 ans à peine, fondait Final en terres de Birmingham pour creuser au fer rouge ses plus noires turpitudes. L'histoire aurait pu s'arrêter là, noyée ensuite dans le grand flou de la puberté puis canalisée ensuite par les attendus rigoristes du formatage social. Mais, à 15 ans, Justin K. Broadrick intégrait Napalm Death pour poser les jalons du grind-core. Encore une fois, la jeune prodige story aurait pu en rejoindre d'autres dans le délitement. Cependant, travaillé dans sa chair et son âme par ses amours pour Black Sabbath, Killing Joke, Suicide, Stranglers et surtout Throbbing Gristle, Justin K. Broadrick quittait la sombre cage dorée pour créer Godflesh avec Ben C.G. Green. En 1988 et prendre à la gorge l'époque et ses pairs, devenant ainsi une sorte d'incontournable figure tutélaire sous masque de fer.

Lourde et lente, violente au point d'en être éreintante, la musique de Godflesh est un miroir noir qui renvoie à l'auditeur l'image de ses doutes et dérèglements. Absolument émancipée des questions temporelles, elle ne saurait vieillir et suit le parcours de vie de son géniteur qui a retrouvé son complice fondateur Ben C.G. Green pour la ramener à la vie.